Routes d'Argonne : En Argonne champenoise, la D63 de Binarville à Belval-en-Argonne (1)

La route D21 dans les Ardennes, D63 dans la Marne, D27 dans la Meuse, puis D216 sur quelques hectomètres pour son retour dans la Marne, est une route en partie argonnaise bien difficile à suivre. Elle commence du carrefour avec la D987 entre Attigny et Sainte-Vaubourg et va jusqu'à Sermaize-les-Bains. Les trois départements argonnais sont empruntés d'où ce changement de numérotation à chaque limite départementale. Depuis le carrefour avec la D666, la D63 emprunte la rive droite de l'Aisne.

Pour cette première étape, nous allons suivre la D63 en Argonne champenoise depuis la limite départementale avec les Ardennes à La Tuilerie et la Viergette au nord de Binarville jusqu'à Sainte-Ménehould. Ici, le chemin partant sur la droite tient lieu de limite départementale entre la Marne et les Ardennes.

Immédiatement l'histoire nous rattrape avec la Première Guerre mondiale. Sur 10km, jusqu'à Vienne-la-Ville, la route traverse les anciennes lignes allemandes, la ligne de front et les lignes françaises. Binarville, Vienne-le-Château et Vienne-la-Ville vont être en partie détruit. Ces villages sont reconstruits dans les "années 20" dans l'architecture d'après-guerre assez reconnaissable. Au carrefour avec la D66, un monument en l'honneur du 9ème régiment de cuirassiers sépare les deux routes. A Binarville, la statue d'un poilu arme au pied et fraichement repeint veille sur le monument aux morts.

L'église Saint-Etienne à Binarville reconstruite en 1926. A gauche de la photo, nous retrouvons la D66, dans Binarville, elle laisse sa place à la D63.

Nous quittons Binarville où devant un houx se situe une croix de chemin datée de 1855, la dernière jusqu'à Sainte-Ménehould.

Du Haut de Servon, l'orée de la forêt argonnaise au sous-sol de gaize. A droite une zone tampon de petites cultures et de prairies d'élevage avant les grandes cultures de champagne. La route suit fidèlement les mouvements de terrain où rare sont les sections plates. Elle descend souvent dans les vallons pour remonter sur l'autre versant. Et le prochain, elle franchit le ruisseau de la fontaine Moreau où est blotti un cantonnement de 3ème ligne allemand restauré.

La route traverse la forêt domaniale de Servon-Melzicourt. Sur 4km jusqu'à Vienne-le-Château, de part et d'autre de la chaussée se sont déroulés les terribles combats du "bois de la Gruerie", notamment durant l'année 1915.

La "côte des 600m", un faux plat qui mène au Plain. De chaque côté de la route, ceux sont les bois communaux de Saint-Thomas-en-Argonne sur le finage de Vienne-le-Château. Les parcelles sont bouleversées par les trous d'obus, le complexe tracé des tranchées et les sapes. De nombreux obus (moins maintenant en surface) sont encore présents ainsi qu'une multitude de ferraille. Ici, nous croisons l'itinéraire "Promenade et Randonnée, PR12 Bataille d'Argonne".

Au Plein à 188m d'altitude, c'est le point culminant de la route. De Binarville à Sainte-Ménehould nous nous trouvons en moyenne entre 160 et 170m d'altitude. Ces grumes stockées rappellent l'importance de l'exploitation forestière dans ce secteur.

Un peu plus loin, l'ensemble nécropole nationale de Saint-Thomas-en-Argonne - Ossuaire de la Gruerie. Dans la nécropole se trouvent 8 085 soldats français dont 3 324 dans deux ossuaires. L'ossuaire de la Gruerie contient les restes de 10 000 corps.

En traversant Vienne-le-Château, la D63 devient rue de la Croix et passe devant la cité "Rocha"

Puis traverse la Biesme

Longe l'église Saint-Pierre et Saint-Paul avant d'apercevoir la monumentale façade de la mairie de Vienne-le-Château. Dernièrement, la place a été renommée "place Bernard Rocha" en mémoire de l'illustre ancien maire du village.
 

A la sortie de Vienne-le-Château, c'est la Seconde Guerre mondiale avec de douloureux moments rappelés par ces deux monuments. Un autre se trouve également à l'entrée de Sainte-Ménehould en haut de la rue de la Libération.

Le paysage bucolique en bordure du bois de la Fortelle, dans ce vallon s'écoule le Court Ru.

La vue bien connue des ouvriers ménéhildiens quand ils venaient travailler à Vienne-le-Château à l'usine Tuboplast, devenue Cebal, puis Alcan. L'usine est nichée à l'orée de la forêt.

Après la ferme de la Renarde, la route suit au plus près le bas de la colline pour laisser la place à la vallée de l'Aisne. Lors d'épisodes pluvieux l'eau peut déborder jusqu'au niveau de la chaussée.

En 2010 un épisode neigeux accompagné de débords

Les Basses Terres et le Pré Lignon se situent à la confluence de la Biesme et de l'Aisne régulièrement inondés.

Des débords qui laissent parfois un étrange aspect d'estran

Et où parfois se mire un coucher de soleil

La proximité immédiate du massif de gaize et les fortes pentes ne sont pas sans dangers. Des glissements de terrain et surtout les chutes de branches, voire d'arbres nécessitent d'âtre vigilant pour circuler dans ce secteur.

A l'entrée de Vienne-le-Ville, nous n'avançons pas vite sur cette portion de route, à croire que nous nous sommes arrêtés pour voir défiler les saisons

Un autre épisode neigeux en 2013 à la sortie de Vienne-le-Ville

Descendant des Hauts Bâtis, l'ancienne voie romaine de Metz à Reims via Verdun, plus récente que celle passant par Bar-le-Duc.

A proximité de Moiremont, le long de la route se trouve le terrain de moto-cross où début mai se déroule une épreuve du championnat UFOLEP.

A Moiremont, sur la place et dans la côte, deux œuvres ayant pour thème des moines marquent l'empreinte monastique de l'histoire de ce village.

Moiremont possède une belle et harmonieuse architecture à pans de bois

En quittant Moiremont et en moins de 3km, nous allons traverser les territoires de la Neuville-au-Pont à la Patiane et à la Noyelle, puis Chaudefontaine sur quelques hectomètres entre la ferme et le ruisseau du Sougnat ensuite nous prenons pied sur le territoire de Sainte-Ménehould à la vallée Coltée.

Entre Moiremont et le Sougnat, l'orée de la forêt hospitalière de la Viergette

Au carrefour le Texas, le monument rappelle un fait tragique survenu durant la Guerre 39-45. Depuis ce carrefour et son entrée à Sainte-Ménehould, la D63 devient la rue de la Libération et longe la côte Leroy. Nous passons devant les anciens abatoirs où durant de nombreuses années, dans les locaux étaient hébergés la base du Kayak Canoë Argonnais (KCA). Nous approchons de plus en plus de l'Aisne et franchissons l'un des anciens bras de cette rivière. D'ailleurs l'Aisne a parfois tendance à s'étaler copieusement à Planasse. Juste à côté se situe la caserne des pompiers et les vannes.

Traversée d'un autre bras de l'Aisne,

La place d'Austerlitz avec ses immeubles aux façades en appareil champenois. L'alternance est réalisée en gaize et en briques.

En face dans le jard, songeur la statue de Dom Pérignon

Face à un immeuble qui a connu bien des enseignes commerciales, la D63 rencontre la D3 (Voie de la liberté) et nous perdons sa trace...

Peut-être que cette capture d'écran de Sainte-Ménehould du site Google Maps va nous permettre de retrouver notre D63 pour continuer la deuxième étape.

Documentation :